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Politique - Page 4

  • Le déni d'identité(s). Quelques réflexions...

    « Toute utilisation de la notion d’identité commence par une critique de cette notion » affirmait le célèbre anthropologue, Claude Lévi-Strauss. L’approche scientifique du concept d’identité suppose, en effet, une déconstruction méthodologique et empirique permettant, in fine, soit d’en saisir l’essence soit d’en réfuter les fondements théoriques. Notion fondamentale des sciences sociales, l’identité se donne à voir sous des angles variables, selon le point de vue de l’observateur.

    Mais l’identité semble, depuis quelques décennies, faire polémique lorsqu’elle sort de l’université et devient source de débats dans l’espace public. Miroir des angoisses civilisationnelles, l’identité interroge l’être-même des sociétés européennes face à des revendications communautaristes se posant en figures de proue de singularités hautement assumées. L’impasse à laquelle a conduit le débat hexagonal sur l’identité nationale institué sous la présidence de Nicolas Sarkozy a montré combien l’identité faisait désormais partie du domaine du refoulé. Tabou collectif, l’identité n’en a pas moins été érigée en fierté particulière. Ce fut ouvrir immanquablement la porte à tous les « racismes », déclinés en autant de « phobies » paralysantes pour la liberté d’expression. Si l’altérité demeure pourtant au fondement de la diversité (et s’oppose ainsi au « métissage »), la promotion de l’Autre a été commuée en célébration égalitariste du Même, au nom d’une mystique démocratique irrationnelle[1] fondée sur l’universalisme, non moins artificiel, des droits de l’homme. Du mariage pour tous (les homosexuels), aux papiers pour tous (les clandestins), jusqu’au maïs (transgénique) pour tous, l’identité s’est diluée, passant du statut de marqueur de reconnaissance mutuelle à celui de narcissisme indifférencialiste. L’effondrement de l’Etat-nation en tant que creuset par excellence d’appartenance à une langue, une culture, une civilisation, des repères communs a entraîné, corrélativement, la destruction des défenses immunitaires collectives que furent la famille, l’Etat, l’école ou l’Eglise. Rien ne se vaut en soi, car tout se vaut, précisément. Ne plus chercher à se définir par ce que l’on est intrinsèquement, mais par ce que l’on pourrait être, suivant en cela la pente dangereuse de son propre désir normatif, revient à effacer les repères autant qu’à s’effacer soi-même.

     

    A cette aune, il n’est donc pas excessif de parler de déni d’identités, la question existentielle et éminemment subjective du « que suis-je » se substituant à celle essentielle et purement objective du « qui suis-je ? ». Le déni d’identités n’implique rien moins que la réification de l’humanité, ravalée au rang de n’importe quel objet consomptible, échangeable et finalement, jetable. Le déni d’identités a fini par introduire la notion d’obsolescence programmée au cœur des relations humaines et sociales. Mais pire encore, le déni d’identités porte en lui la disparition du politique au sens où les conflits doivent se résoudre dans une sorte d’unanimisme idéologique, tenant les idées à contre-courant, comme marginales voire extrémistes ou populistes.



    [1] Selon une formule inspirée de Louis Rougier.

  • Les admonestations dînatoires du CRIF

     

    La pitoyable et affligeante « petite blague » du locataire de l’Elysée, ancien président du Conseil général de Corrèze, au-delà de son caractère anecdotique – eu égard à la banalisation de la fonction présidentielle allant de pair avec les aliénations substantielles de souveraineté entre les mains de Bruxelles – a été, une fois de plus, l’arbre médiatique qui a caché la forêt politique.

    La France, vassal d’Israël

    François Hollande a lâché sa saillie verbeuse au 28e dîner annuel du CRIF – Conseil représentatif des institutions juives de France qui fêtait également son 70e anniversaire –, le 16 décembre dernier, ce qui ne laisse pas d’interroger quant à la conformité de la présence présidentielle avec les lois régissant la laïcité en France. C’est une tradition républicaine de voir accourir à ce raout judaïque, tout le gratin de l’élite dirigeante, des politiques (de l’opposition comme de la majorité), aux journalistes, et toutes les institutions ayant pignon sur rue. Cette invitation est en réalité une sommation à comparaitre, tant pour renouveler le serment d’allégeance à la communauté juive, que pour se faire morigéner pour des prises de position ou des propos considérés comme déviants d’une doxa intransigeante indexée à la politique israélienne intérieure. En 2005, Alain Finkielkraut, éminent représentant de cette puissante communauté, confiait ainsi : « le pavillon d'Ermenonville est une merveilleuse salle de Bar Mitzvah. Voir cet endroit transformé annuellement en une espèce de tribunal dînatoire où les membres du gouvernement français comparaissent devant un procureur communautaire, cela me met très mal à l'aise ». Il convient, en effet, de ne pas se cacher derrière son petit doigt et d’admettre, sans acrimonie particulière et hors de toute polémique, que le CRIF, affilié au Congrès juif mondial, n’est rien d’autre que la légation officielle de l’Etat d’Israël en France. Au regard de la géopolitique historiquement instable du Proche et du Moyen-Orient, conjuguée à une immigration arabe et/ou musulmane pourvoyeuse de récriminations hostiles à « l’occupant » israélien, le gouvernement français marche sur des œufs, devant sans cesse, au prix d’équilibrismes périlleux, concilier des positions contradictoires, pour ne pas dire aporétiques. A cette aune, une telle soumission institutionnelle et politique à ce qu’Alain Soral dénomme « la communauté juive organisée », inféode, ipso facto, notre politique étrangère aux intérêts d’une puissance étrangère qui instrumentalise ses partenaires et homologues pour la bonne marche de sa politique extérieure, laquelle vise, précisément, à endiguer l’expansionnisme arabe et, à, terme, la pleine reconnaissance d’un Etat palestinien réellement indépendant. Avant-garde de l’Occident en territoires occupés, Israël n’a d’autre préoccupation que de sanctuariser au maximum ses colonies. Dans Nouvelles de France, l’ancien député, Christian Vanneste, estime que le chef de l’Etat ne peut « présider une réunion dont le caractère communautaire est inséparable d’une commémoration ô combien respectable. Cela crée un double malentendu : d’abord, celui du communautarisme, puisque celui qui parle au nom de la seule communauté républicaine, la Nation, se croit obligé d’évoquer un pacte qui existerait entre une communauté particulière et la République. Ensuite, le lien entre cette communauté et un pays étranger, justifié par l’histoire, et favorisé par la double nationalité, expose à des confusions entre politique intérieure et affaires étrangères au risque d’un dérapage qui s’est produit au détour d’une petite blague typiquement ‘‘hollandaise’’ ».

    La matrice de l’idéologie mondialiste

    De ce point de vue, il paraît évident que le CRIF se soucie bien peu de faire respecter une laïcité revêtant, a minima, les apparences de la neutralité confessionnelle, tant il estime, sous couvert d’un inconsolable martyrologue, détenir une créance imprescriptible sur le reste de l’humanité. L’interpellation publique de François Hollande par Roger Cukierman, président du CRIF, à propos d’un geste interprété par l’intéressé comme « le geste inverse du salut nazi », semble assez ahurissante ! Elle est assortie, qui plus est, de la traditionnelle reductio ad hitlerum, cet antisémitisme dont ferait preuve, en l’occurrence, l’humoriste Dieudonné, accusé pour l’occasion d’en être « un professionnel » patenté. La gauche sociétale au pouvoir tombe évidemment dans le panneau et se croit obligée de surenchérir dans la diabolisation de ce qu’elle est sommée de considérer comme un ennemi et non, le cas échéant, comme un simple adversaire, si tant est qu’un saltimbanque de profession puisse en être. Fondamentalement, et inévitablement, l’on se perd en conjectures sur ce tropisme judéo-sioniste de toujours qui caractérise tant nos gouvernants. Quand, en novembre 1967, dans une conférence de presse demeurée célèbre, De Gaulle osa affirmer que les « Juifs (…) étaient restés ce qu’ils avaient été de tous temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », il fournit, du même coup, une clé d’explication, ce d’autant plus que, prophétique, il augurait dans le même temps que « l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, [entraînerait] d’incessants, d’interminables frictions et conflits ». Le traumatisme de la Shoah va bien évidemment accentuer cette dimension historico-anthropologique, par le biais de puissants relais politico-médiatiques qui vont mettre l’humanité en coupe réglée émotionnelle, sidérée par un « ininterrompu torrent de larmes ». A cette aune, l’antisémitisme a fini par être habilement fondu dans l’antisionisme, soit un verrouillage indestructible de toute pensée ou parole critique à l’égard d’Israël et du « peuple élu ». De la même façon que toute opposition au « mariage « homosexuel est assimilé à de « l’homophobie », que la critique de l’immigration de masse est apparenté à du racisme ou que le rejet de l’Union européenne relèverait d’un nationalisme xénophobe. C’est à se demander si le cosmopolitisme de jadis, aujourd’hui appelé « le mondialisme », ne proviendraient pas d’une et seule et même matrice ? Poser la question…

    Aristide Leucate


    Article paru dans L'Action Française 2000 n°2877


     

  • C'est la gauche qui a inventé l'extrême droite

     

    Qui n’a pas entendu ces expressions qui reviennent comme autant de leitmotivs horripilants pour ceux que la mélopée de la pensée unique finit par taper sur les nerfs : « idéologie d’extrême droite », « membre de l’extrême droite », « geste d’extrême droite », etc. et des plus vomitifs. Le décès récent d’un militant ultra de « l’antifascisme » a déchaîné une hystérie collective comme on n’en avait plus vu depuis la manipulation de Carpentras ou le 21 avril 2002. La gauche sociétale-libérale ayant trahi depuis longtemps le socialisme de ses pères, n’a rien trouvé de mieux que de s’ériger en parangon de la vertu bien-pensante en dénonçant partout une fantasmagorique extrême-droite fasciste et factieuse, prétendument dangereuse pour la République. Assez de cette imposture d’Etat ! L’extrême droite est agitée par la gauche pour faire oublier que c’est elle qui l’a enfantée !

    Concept fourre-tout

    On remarquera, en effet, que la classe politique et médiatique niche à l’intérieur de ce concept fourre-tout d’extrême droite, les pires abominations engendrées par la gauche et l’extrême gauche, au cours du siècle dernier et au début de celui-ci. Quant à la droite, son incapacité intellectuelle et politique à se dégager de la gangue post-épuration dans laquelle la gauche résistancialiste l’a enfermée, avec le soutien actif des gaullistes masochistes d’alors, la tient en état d’ankylose permanente confinant à la plus vile des pleutreries. Mitterrand avait cyniquement compris le parti qu’il pouvait tirer politiquement de cette situation, lui qui connaissait parfaitement cette droite complexée dont il était issu. L’épouvantail du Front national devait servir à maintenir la droite dans ses cordes, tandis que Jean-Marie Le Pen était démonisé à souhait, quand il n’en rajoutait pas lui-même, ayant fini par comprendre, lui aussi, que son rôle d’idiot utile de la gauche lui interdirait à jamais d’accéder aux plus hautes fonctions d’Etat. A l’inverse de sa fille. Et c’est tout l’enjeu de l’opportune montée en épingle de l’affaire Méric, où un insignifiant « red-skin » est bruyamment canonisé par une gauche en perte de vitesse électoralement, craignant une nouvelle traversée du désert pendant vingt-ans et qui sort de son placard muséal des années « SOS-Racisme », les antiques ficelles éculées du « fascisme » et de « l’abject ventre fécond de la bête immonde ». Harlem Désir est resté l’homme de ce passé frelaté.

    Fascisme versus extrême-droite

    Car, qu’est-ce que l’extrême-droite, si ce n’est, en toute logique, un ensemble d’idées et de mouvements politiques situées à droite de l’échiquier politique ? Notre bonne vieille Action française occuperait volontiers ce positionnement, dans la mesure où, à sa critique radicale des institutions républicaines et des doctrines sous-jacentes qui irriguent le régime et ses commis, elle associerait un certain conservatisme réactionnaire qui la classerait plutôt à droite qu’à gauche, quand bien même, rappelons-le, notre royalisme serait hors de tout parti. En aucun cas, contrairement à ce qu’ont pu soutenir abusivement des historiens comme Ernst Nolte ou Zeev Sternhel, l’Action française n’a été une quelconque voie au fascisme, pour le seul motif, que l’Etat (entité statique mue par le droit) n’a jamais été pour nous la subsomption de la nation, conçue comme une réalité vivante. Le néo-national-socialisme maquillé d’un pseudo (et incompris) solidarisme organiciste de groupuscules tels que Troisième Voie, emprunterait davantage à la rhétorique de la gauche, voire de l’extrême-gauche, pour lesquels, le culte autoritaire de l’Etat (la statolâtrie, à proprement parler) devait forcément conduire au bonheur des peuples placés sous sa férule. C’est donc se payer de mots à peu de frais que d’étendre indéfiniment des concepts ou en substituer artificiellement d’autres, au risque (mais à dessein) de troubler la représentation de la réalité idéologique. Sans aller jusqu’au détail, rappelons que c’est la gauche qui inventa et théorisa l’antisémitisme, pour d’autant mieux trahir, in fine, la classe ouvrière (cf. Jean-Claude Michéa qui explique comment, à la faveur d’un compromis historique de la gauche dreyfusarde avec cette dernière, elle sacrifia littéralement les idéaux du « socialisme héroïque » d’un Edouard Berth ou ceux du « socialisme corporatif » d’un Pierre Leroux). C’est elle aussi qui inventa le national-socialisme et le fascisme et vit naitre une cohorte de collaborationniste zélés et parfois opportunistes, louer l’Allemagne éternelle du III Reich (dont l’avènement fut prophétisé par Jacques Bainville). C’est encore elle qui inventa le mythe délirant de l’homme nouveau, d’Hitler (génocide de races) à Hollande (génocide de sexes) en passant par Staline (génocide de classes) et tous leurs épigones. Doit-on également passer sous silence, que c’est encore la gauche qui, pour les nécessités impérieuses de sa propre survie historique et idéologique, manipula et tripatouille toujours l‘Histoire, du mensonge des « 75 000 fusillés » à la dissimulation des plus de cent millions de morts du communisme, jusqu’à la légende de la traite négrière seule imputable aux Blancs ? La réductio ad hitlerum est décidément la source inépuisable de fantasmes les plus grossiers mais aussi les plus lucratifs d’une gauche sociétale-libérale toujours plus totalitaire…

    Article paru dans L'Action Française 2000, n°2865