Les médias sont unanimes, cette fois ; jamais aucun président de la République sous la Ve République, ne s’était effondré en-dessous de la barre fatidique des 30% d’opinions satisfaites. Mais en prenant acte des reculades et des tergiversations incessantes du locataire de l’Elysée, l’on reste à la superficialité des choses.
Hollande, président soliveau
Certes, François Hollande administre quotidiennement la preuve que derrière le culot anaphorique auquel il nous avait habitué durant la campagne électorale de la Présidentielle de 2012, se cache une incommensurable incompétence des choses de l’Etat. L’attelage qu’il forme avec un Jean-Marc Ayrault, à la personnalité diaphane est, à ce titre, révélateur de sa personnalité assez faible, ayant montré, dès le choix de son Premier ministre, son incapacité à assurer des fonctions trop large pour lui. Les médias, se jouant de mots, soulignent régulièrement le contraste entre l’« hyper-président » d’hier et l’« hypo-président » d’aujourd’hui. Il est vrai que l’on peut être frappé de la ressemblance à front renversé du duo que formait en son temps le « collaborateur » François Fillon, effacé jusqu’à la soumission, et un Nicolas Sarkozy, omniprésent ad nauseam et agité compulsif. Au discours de Toulon sur les Roms de Sarkozy, a succédé cette ahurissante intervention publique du président honoraire du Conseil général de Corrèze, à propos de la clandestine kosovare, Léonarda. Le brassage du vent « anti-crise » du précédent a laissé la place au rétropédalage et aux pas de tango de l’actuel, incapable de trancher sur l’essentiel. Le locataire de l’Elysée fait penser au président sous les IIIe et IVe République, dont les seuls pouvoirs se limitaient à ne pas troubler le marigot parlementaire et politicien. Hollande fait du Chirac en pire (ce qui n’est guère rassurant, eu égard aux deux mandats indigents de ce dernier). En état d’apesanteur perpétuel en France, l’ex-compagnon de Ségolène Royal, singe son prédécesseur sur la scène internationale. Après l’intervention militaire au Mali (au succès en demi-teinte) d’il y a quelques mois, où il apparaissait comme le nouveau Scipion l’Africain, Hollande claironne désormais fièrement, urbi et orbi, que la France à fait libérer quatre ressortissants détenus par AQMI au Niger. Les caisses du Trésor sont vides, mais suffisamment remplies, néanmoins, pour payer les rançons exigées par les terroristes. Coïncidence ? Nos malheureux otages arrivaient à point nommé pour empêcher que l’ex-premier Secrétaire du PS ne se noie définitivement dans le zéro pointé de sa côte de popularité. Quand la haute politique est bassement instrumentée pour servir de variable d’ajustement à la politique intérieure… Mais la realpolitik reprend ses droits, avec l’assassinat de deux journalistes français au Mali. Hollande peine obstinément à décoller. Funeste présage.
La politique française abandonnée à l’UE
Cependant, on l’a dit, c’est se contenter de l’écume que de ne pas chercher à analyser les ressorts profonds d’une telle inaptitude présidentielle. Foin des expertises aussi instantanéistes qu’évanescentes de nos prétendus « spécialistes » politiques, commençons par observer que nous sommes rentrés, depuis vingt ans, dans le règne de la « gouvernance », après avoir abandonné le « droit gouvernement » des hommes et de la cité, autrement appelé souveraineté, aux mains irresponsables et méprisantes (et donc méprisables) des technocrates de l’Union européenne. Pour ne prendre qu’un exemple, entre mille, la France a littéralement aliéné sa politique migratoire à Bruxelles, ce qui fait dire à la démographe, Michèle Tribalat, que « la France le souhaiterait-elle qu’elle n’a guère les moyens de couper les vannes de l’immigration, encore moins de l’immigration venant spécifiquement des pays musulmans (…), la politique migratoire étant désormais une compétence ‘‘partagée’’ avec l’UE – et les compétences qui lui restent se résument vraiment à la portion congrue » (Assimilation. La fin du modèle français, Editions du Toucan, 2013). La dispendieuse braderie électorale organisée tous les cinq ans pour désigner un super gouverneur, est une véritable tromperie sur la marchandise. La crédulité du corps électoral est même surprise par dol, dans la mesure où son consentement n’est soutiré que par manœuvres, mensonges et manipulations. La vérité crue, que nul n’ignore pourtant mais que tout le monde sacrifie régulièrement au sacro-saint tabou démocratique et « républicain », est que nos dirigeants ont moins de pouvoir qu’un maire ou qu’un président de communauté de communes. Hollande, pas plus que ses devanciers Sarkozy ou Chirac, ne peut peser de manière décisive sur la politique de notre pays, résumée à sa fonction publique pantagruélique, à sa ponction publique écrasante, et à sa sécurité réduite aux radars autoroutiers... Bref, pour paraphraser Eric Zemmour, Hollande est un immobile à petits pas.
Article publié dans L'Action Française n°2873