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Idées - Page 2

  • La démocratie totalitaire, l’autre nom du mondialisme

    Et si les plus grands de nos maux civilisationnels et politiques provenaient de la démocratie, ce soi-disant régime de gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ? Pour tout militant d’Action française, un tel questionnement contenant sa propre réponse aurait, par principe, valeur de truisme ou d’évidence aporétique. Mais il se trouve que poser la question ne revient pas forcément à y répondre, tant la critique ne pouvant s’en tenir à la seule nocivité intrinsèque du régime, doit même la dépasser pour en analyser les fondements et les dévoiements.

    Démocratie et République

    Il est un fait observable par tous que jamais le système démocratique français n'a été si fort dans son emprise au point que sa remise en cause, même sur un plan purement théorique relève de l’hérésie, au mieux de l’utopie. C’est que la démocratie ainsi vécue est imprégnée, en tout cas, en France, d’un substrat républicain qui en altère autant sa définition que son fonctionnement. Ce faisant, il n’est désormais plus de démocratie sans république, la métonymie s’étant ici substituée à une synonymie commode. Or, la démocratie en soi, comme la monarchie ou tout autre système de gouvernement répertorié par la tradition philosophique et politique européenne est axiologiquement neutre. Sed contra, la République, bien loin de l’acception classique qui était la sienne, depuis Jean Bodin jusqu’à 1870 environs (soit étymologiquement, la « chose publique » équivalente du « bien commun » de la cité), finira par acquérir, notamment sous l’influence de Jules Ferry, Ferdinand Buisson ou Emile Combes (eux-mêmes fortement nourris des socialistes utopiques dont les idéaux étaient repensés dans les loges maçonniques) un sens profondément religieux. Le juriste Christophe Vimbert ne s’y est pas trompé quand, dans sa thèse de doctorat consacrée à La tradition républicaine en droit public français (LGDJ, 1992), il isole trois critères « idéologiques » venant compléter la définition formelle de la République comprise comme ni monarchique ni impériale (donc rejetant le principe héréditaire commun à ces deux régimes). D’abord, « la République organise son pouvoir sur le dogme (sic.) qui proclame le droit du peuple à se gouverner lui-même par le biais d’élection périodiques (…). Ensuite, la République, c’est un sentiment, une éthique, une mystique (re-sic.), un ‘‘parti pris’’ (Alain), un état d’esprit qui s’identifie aux Lumières (Rousseau, Voltaire…), aux droits de l’Homme [notez la majuscule] de 1789, au progrès, à la raison, à la morale républicaine, à l’éducation, la patrie, la justice, la méfiance envers l’Eglise catholique, la sympathie pour les classes populaires, etc. Enfin, une fois le suffrage universel établi (…), celui crée des conditions, des règles et une morale politiques qui excluent désormais tout recours à la violence et au coup d’Etat ».

    La mystique démocratique

    Dans Le Dilemme de Marc Sangnier, Charles Maurras s’attachait déjà à dévoiler les ressorts individualistes de la démocratie érigeant l’homme en démiurge capable, par la seule force de son incontestable volonté, de créer une loi morale surpassant la loi naturelle ou la loi divine. Le philosophe Maxence Hecquard écrit ainsi que la démocratie « est religion par excellence. Elle unit des hommes dont la transcendance est désormais en eux-mêmes. En dépassant l’hommerie, ceux-ci progressent vers un oméga de l’humanité qui confine à la divinité » (Les fondements philosophiques de la démocratie moderne, 2007). Sous-tendue par le respect obligatoire et sanctionné des droits de l’homme et de leurs avatars (liberté individuelle, lutte contre les discriminations, égalité commuée en genre), la démocratie s’abrite derrière le paravent des « valeurs » républicaines, que ne sont, en réalité, que des succédanées de valeurs chrétiennes sécularisées, ce que l’historien du droit, Jean-Louis Harouel, dénomme le « post-christianisme », soit « un salmigondis d’idées chrétiennes arrachées à leur contexte et pouvant être mises au service des »causes les plus délirantes et les plus néfastes à la société et à la nation ». Ces idées fondent « la religion humanitaire, cette religion séculière oppressive prétendant au monopole du bien » (Revenir à la nation, 2014). Forgée précisément contre le catholicisme, la démocratie républicaine est alors devenue une véritable « mystique » qu’Alain de Benoist, suivant les traces de Louis Rougier explique en ces termes : « rapportée au domaine de la politique et de l’idéologie, [la mystique] vise toute croyance qui refuse (consciemment ou inconsciemment) de se donner comme telle et qui se présente, faussement, comme fondée en raison sur des postulats ‘‘indubitables’’ » (Préface à La mystique démocratique, 1983). Précisément, Louis Rougier pointera les contradictions inhérentes à la démocratie et notamment son axiomatique de l’égalité « naturelle »qui en constitue le cœur. Ainsi, « en jetant dans le monde l’idée de l’égalité naturelle, de l’identité de la raison chez tous les hommes, d’où dérive leur égale compétence et leurs droits égaux, [l’égalitarisme rationnel] a conduit notre civilisation occidentale au paradoxe le plus considérable de son histoire (…). Entre le principe des majorités, issu du rationalisme, et le principe de la compétence, issu de la sociologie positive, le conflit est inévitable » (Les paralogismes du rationalisme, 1920).

    L’oligarchie républicaine 

    Régnant sur la masse, l’oligarchie finit par s’émanciper du peuple, le tenant à l’écart tout en s’exprimant en son nom, semblant le gouverner tout en se prévalant de sa légitimité. La volonté générale rousseauiste issue du suffrage universelle en fut peu à peu réduite aux acquêts d’une coterie privilégiée et endogame qui, subrepticement, a renversé le gouvernement de tous par la gouvernance par quelques-uns. Comme nous l’avons écrit, « par l’inextricable maillage dans lequel elle étouffe la société française (et européenne), cette complexe consociation d’intérêts parvient peu à peu à prendre le contrôle de la sphère publique comme de la sphère privée et à imposer son idéologie comme sa lexicologie propres » (Détournement d’héritages, L'Æncre, 2013). En quelque sorte, la synarchie comme organisation moins le complot comme soupçon méthodologique (Voir Olivier Dard, La Synarchie. Le mythe du complot permanent, 2012). La mainmise de cette oligarchie sur les leviers de pouvoirs étatiques, supra et infra étatiques, renforcée par son asservissement européen et son tropisme atlantique, dépossèdent littéralement les nations de leurs prérogatives. Pour gouverner, nul besoin du peuple, ni de son amour, ni de son estime, ni de sa confiance. Ainsi, les Etats sont-ils devenus de gigantesques conseils d’administrations où l’on décide par décrets et ordonnances, arrêtés ou directives européennes, quand ce n’est pas par arrêts de règlements, insupportables reviviscences des arrêts des Parlements, lesquels par leurs blocages systématiques, ont contribué à la chute de la monarchie. L’impossibilité de discuter de la démocratie moins en tant qu’évidence indémontrable que comme causalité probable de dysfonctionnement politiques, économiques et sociaux majeurs, est la marque manifeste de notre assujettissement à un réel totalitarisme. Louis Rougier observait ainsi le dévoiement tendanciel de la démocratie : « le glissement vers la gauche du libéralisme au radicalisme, du radicalisme au socialisme, du socialisme au communisme, est la pente inévitable que suivent les surenchères démocratiques ». L’on pourrait rajouter le glissement du communisme de marché qu’est le capitalisme vers le mondialisme.

    Aristide Leucate

    Article publié dans L'Action Française 2000 n°2893

     

  • Clovis, l’inventeur de la laïcité

    Un couple juif se fait agresser à Créteil et la République des Loges et des lobbys communautaires sonne le branle-bas de combat de la lutte contre l’antisémitisme, l’intolérance et de la sacro-sainte révérence à l’égard des insubmersibles « valeurs » de la République, au premier rang desquelles (à côté de l’inaltérable triptyque « Liberté-Égalité-Fraternité »), se trouve l’inévitable « laïcité ». Celle dont ses thuriféraires les plus creux datent l’avènement à la loi du 5 décembre 1905 portant séparation des églises et de l’État. Et combien de sottises sont alors proférées en référence à un signifiant récent dont le signifié fondamental remonte à Clovis…

    La laïcité se confond avec la francité

    Parce que les mots ont été subvertis, à dessein ou par ignorance, on métonymise, souvent pars pro toto, laïcité et laïcisme. A la séparation juridique de la première s’est agrégée l’autre séparation de la France et de sa culture chrétienne. Celle-là avait pour mérite, excepté la méthode pour le moins brutale et vexatoire – par son anticléricalisme confinant à une véritable haine d’État – de ne pas totalement couper avec les anciennes libertés gallicanes d’Ancien régime. L’historien, Pierre Chaunu, affirme ainsi que « comme l’admettent à l’époque certains catholiques, la Séparation est, au fond, pour eux une chance car elle leur rend, certes au prix fort, la liberté ». Le problème, néanmoins, reconnait encore Chaunu, est que « la Séparation ne fait que mettre au grand jour une réalité qu’elle accentue : la France n’est plus un pays catholique ». Or, c’est un fait que depuis le baptême de Clovis, la catholicité du roi s’est rapidement confondue avec la francité, identification politique que l’on finira par traduire avec la maxime « cujus regio, ejus religio ». Sauf qu’il s’agit bien plus que d’une simple question religieuse. En épousant certes le Dieu de Clotilde et de ses sujets, Clovis a littéralement fondé la France. Non pas la France charnelle, mais la France politique, celle qui permettra à la monarchie de s’enraciner et à la République de s’y vautrer indument, jusqu’à la souillure, dans les draps millénaires.

    La laïcité, une lointaine spécificité française

    Dans son essai sur Clovis, une Histoire de France (J.C. Lattès, 1996), Paul-Marie Coûteaux explique lumineusement que « dans la personne de Rémi ([évêque de Reims, NDLR] et dans celle du roi, s’incarnent des préoccupations fort différentes et l’on peut dire de leur extraordinaire rencontre ce que l’on dit fort justement des traités, qu’ils ne font ‘‘joindre des arrière-pensées’’ ». Et d’ajouter que « Clovis s’est agenouillé devant une puissance plus grande que la sienne : mais si Rémi a domestiqué une force guerrière neuve pour s’en servir de protection, la dynastie et l’Etat franc ont reçu une légitimité décisive, et, dans ce jeu de reconnaissance réciproque, chacun a besoin de l’autre ». Le baptême de Clovis fut, en effet, cet acte fondateur, primordial pourrait-on dire tant il assigne prioritairement, et pour des siècles, les missions et buts du pape et du roi « empereur en son royaume ». Personne, fors Dieu, au-dessus de lui, le roi de France ne souffre aucune concurrence dans l’État. Quant à l’Église, elle a toujours cherché à rester dans le giron de Rome pour échapper à son assujettissement par l’État (d’où les fameuses libertés gallicanes, conceptualisées au XIXe siècle et rétrospectivement appliquées aux réalités d’Ancien Régime, selon l’historien Alain Tallon). Mais elle a aussi entendu manifester, de façon constante, son indépendance à l’égard du pape. Deux postures, l’une dans la sphère temporelle, l’autre sur le plan spirituel, qui impriment si profondément et si singulièrement le sillon d’une idiosyncrasie de la nation française qui a su, dès l’origine, faire sienne, cette réponse du Christ aux pharisiens : « rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu » (Marc, XII, 13-17). En posant le catholicisme comme religion de la majorité des Français, Napoléon inscrivaient ses pas dans ceux d’Henri IV qui affirmait que, chacun dans leurs domaines respectifs, le politique et le religieux exerçaient un magistère complémentaire, sans préséance de l’un sur l’autre. C’est ce qui explique qu’en dépit des vicissitudes politiques et autres crises de régimes, la République n’a pu faire autrement que d’accepter naturellement de vénérer le sol sacré de la patrie après que la monarchie eût ancré sa légitimité le corps sacré du roi « Très-Chrétien ». La prise en compte de cette « sacralité » – que l’on ne doit nullement confondre avec une quelconque religiosité – est fondamentale pour appréhender les origines historiques et politiques de la laïcité.

    Le laïcisme ou la laïcité dévoyée 

    Dès lors, si lointainement, politiquement et spirituellement française, la laïcité n’a évidemment pas besoin de défenseurs aussi antinationaux et stupidement aussi anticléricaux que ses actuels sectateurs, « libres penseurs », héritiers caricaturaux des bouffeurs de curés maçonniques de la IIIe Gueuse. Il est ainsi grotesque de condamner l’érection de crèches au sein de mairies ou autres maisons communes, quand, au cœur d’icelles, tel édile ou élu invitera à rompre le jeûne du ramadan ou à fêter l’Aïd ; quand il permet l’introduction de menus hallal dans les cantines scolaires ou, dans les piscines, d’horaires d’ouverture différents pour les hommes et les femmes ; quand il laisse, quasiment impunies les hystéries blasphématoires des Femens, qu’il subventionne le « Piss Christ » et qu’il tolère les mahométans à prier dans la rue. Et quand il contourne allègrement la loi de 1905 en autorisant l’édification de mosquées, parfois avec l’aval de tribunaux administratifs complaisants, adoptant une définition plastique de la légalité. Et quand, dans le même temps, il détruit des églises, faute de les avoir entretenues durant des années ! Voici l’allahïcité du XXIe siècle ! Celle qui, dans un pays totalement déchristianisé (voire, plus largement, déculturé et décivilisé, attendu que notre héritage chrétien est indissociable d’immémoriales traditions païennes) comme le nôtre, ne retiens plus de la Toussaint, de Noël ou de Pâques, que ses avatars consuméristes Halloween, de jouets frappés d’obsolescence programmée et de vacances « low cost », pour le plus grand bonheur du « divin marché » (selon la formule du superbe essai éponyme de Dany-Robert Dufour). Un Tariq Ramadan, maniant la taqîya avec un art consommé de suprême hypocrisie, peut faire mine de défendre les racines chrétiennes de notre pays quand, jour après jour, celui-ci est en proie à une islamisation rampante, inéluctable et déterminée. Nous laisserons conclure cet immense juriste que fut Jean Rivero, lorsqu’il avertissait du danger de verser dans l’absurde, au nom d’une laïcité sourcilleuse : l’école [plus largement, l’État, NDLA] ne peut prétendre faire ignorer à l’enfant un phénomène sur lequel l’angélus de son clocher, la croix du carrefour, l’informent à longueur de journée ; (…) fait historique, fait actuel, le fait religieux n’a pas à être systématiquement passé sous silence : et ce silence même, à le supposer possible, ne serait-il pas une option ? » Cette option s’appelle le laïcisme, soit le nom sécularisé de la dhimmitude.

     Aristide Leucate

     

    Article paru dans L'Action Française 2000 n°2899

     

  • Français de souche? Présent!

    Il y en a assez de ces théologiens de l’aberration cosmopolite, transgenre et transfrontière, qui prodiguent, du haut de leur chaire subventionnée, des leçons de rééducation morale aux « déviants » populistes et forcément racistes. Le nouvel oukase sémantique tient, désormais, dans l’impérative proscription se réclamer de souche française. Alain Finkielkraut vient, ainsi, d’être dénoncé auprès du CSA, pour avoir osé défendre les « Français de souche », de même que Denis Tillinac, à l’occasion de son jubilatoire éloge de la liberté intitulé Le bonheur d’être réactionnaire. Dans l’émission On n’est pas couché de l’inoxydable Ruquier, ce dernier a été sommé, séance tenante, de se justifier devant le Kommissaire stalinien, Aymeric C(ar)on, quant à son appartenance « souchiste » !

    Français de souche. Voilà un syntagme qui, aussi longtemps que l’auteur de ces lignes s’en souvienne, ne faisait guère débat, ni polémique, il y a encore quinze ou vingt ans. L’on pouvait se dire Breton, Périgourdin ou Vosgien de souche, sans que de sournois Torquemada aux petits pieds balancent l’épuré à la vindicte politico-médiatique. D’ailleurs, quoi de plus naturel que de revendiquer une appartenance à un territoire déterminé, surtout lorsque ses aïeux s’y sont fixés depuis des lustres au point, précisément d’y faire souche ? Mais, voilà ! Ce qui serait bon pour l’horticulture, ne le serait pas pour l’écologie humaine et des civilisations, pour reprendre la belle formule de l’essayiste Hervé Juvin dans son dernier opus sur La grande séparation.

    Pourtant, au fond, qu’est-ce qu’un Français de souche, si ce n’est une personne dont les origines familiales, géographiques et historiques sont suffisamment anciennes et lointaines pour, qu’avec le temps, l’on ait fini par en oublier la provenance initiale ? Bien plus, si certaines vieilles familles françaises, grâce au Carbone 14 d’une généalogie bien tenue et suivie, de génération en génération, sont à même de dater leur implantation dans telle ou telle région ou terroir, d’autres, par l’effet d’un lent processus d’assimilation, ont pu se forger les mythes fondateurs nécessaires à leur enracinement.

    Remonter à Henri IV ou se réclamer d’une présence permanente et continue en France depuis Napoléon III, met chaque Français en résonnance avec son Histoire. Se l’appropriant et la métabolisant, sa destinée se confond alors inexorablement avec celle de son pays. Celui devient « patrie », ou terre des pères, c’est-à-dire foyer originel de ceux qui ont fait souche avant soi, tandis qu’il se subsume en « nation », berceau de notre « nascio » ou naissance. Ce faisant, chaque Français se trouve littéralement incorporé au sein de cet héritage indivis qu’il se doit, humblement mais fièrement, de transmettre tout en l’enrichissant de ses propres apports.

    Empêcher de penser, de dire et donc de vivre cette réalité, revient à faire de la France, non point ce jardin agrémenté de mille et une espèce enracinées dont la sève se nourrit de l’humus de la terre ensemencée par les anciens, mais un supermarché de monades déboussolées.

    Français de souche ? Présent !

    Aristide Leucate

    Article publié sur Boulevard Voltaire le 6 mars 2014