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Aristide Leucate - Page 8

  • L'AF 2000 parle de Détournement d'héritages d'Aristide Leucate

    "C’est un livre important que vient de publier notre collaborateur Aristide Leucate : « Détournement d’héritages » car, comme l’écrit Pierre Hillard dans son introduction, « à la lecture de cet ouvrage, on comprend mieux les maux dénoncés par l’auteur (l’indépendance politique perdue, l’identité nationale explosée,...) à l’aune des principes de 1789 [...] césure dans l’histoire de France » commencée avec le baptême de Clovis.

    D’autant que ces maux, qui se déclinent en « construction européenne aux dépens des nations, destruction de la cellule familiale classique, déstructuration des esprits, immigration de masse, divinisation de l’écologie permettant l’émergence d’un panthéisme, gouvernance mondiale [...] reposent sur cette tentative d’établir un modèle à l’opposé des concepts défendus selon la Tradition de l’Eglise. »

    On comprend dès lors le sous-titre : « La dérive kleptocratique du monde contemporain », lequel se caractérise par le système technicien — Aristide Leucate, qui analyse le « progressisme nihiliste », se situe dans la droite ligne de Bernanos dénonçant la modernité technicienne comme une conspiration contre toute vie intérieure lorsqu’il souligne que « la technique n’occupe pas seulement nos esprits en influençant notre vision du monde, elle nous retranche de notre être et lui substitue une existence purement technique ». C’est pourquoi « cet ouvrage se veut une réflexion sur un pays, notre pays, la France, déboussolée, sans repère, sans phare, perdue dans la nuit noire au milieu d’un océan tumultueux ». Or, non seulement « nos sociétés sont prisonnières d’une multitude de pouvoirs qui se sont arrogé le monopole de la violence légitime, dépossédant ainsi les Etats de leur prééminence en la matière », mais encore, « cette captation (ou accaparement) est sous-tendue par une logique structuro-fonctionnaliste », c’est-à-dire par un système dont, en dehors de tout recours au conspirationnisme, « les actions individuelles et concomitantes ou simultanées des différents acteurs [...] imprimeront une cohérence à l’ensemble ».

    Aussi, l’auteur décrit-il et analyse les différents aspects de cette accaparement et de cet déshumanisation par rapport à l’existence même de notre pays dans son indépendance, qui est « confisquée » (première partie) comme dans son identité, qui est « niée » (deuxième partie) ou sa politique elle-même qui est « kidnappée » (troisième partie).

    Recueil d’articles remaniés et réactualisés parus dans différents media papier ou en ligne — notamment L’AF 2000, feu Le Choc du mois, Les Manants du roi, Nouvelles de France ou Boulevard Voltaire —, cet ouvrage ne se contente pas de faire un état des lieux quasi-complet de la situation dans laquelle se trouve notre pays : en prenant acte de cet inventaire lucide, il nous montre la voie du redressement dans lequel nous devons rapidement nous engager, un engagement qui ne peut être que national, ce qui ne veut pas dire isolé, mais qui repose sur la patrie, qui elle seule ne ment pas. Car c’est bien sur le sens de la patrie qu’il faut compter et non sur la droite, qui « a toujours été introuvable en France, non pas qu’elle soit fantomatique [...] et, par là-même fantasmée (électoralement, elle entre dans le rapport de force politique), mais son appréhension dans le champ de l’histoire des idées, d’une part, comme dans celui de l’action pratique, d’autre part, s’est toujours heurtée à l’absence de critères permettant de la caractériser. La droite doit son existence au camp d’en face. Plus exactement, la droite occupe tragiquement la place laissée vacante par la mort du roi en 1793, la gauche préemptant la cause du peuple. »

    Faut-il désespérer ? On sait qu’en politique c’est une sottise absolue : « A l’évidence, les feux de l’ancienne raison attique, ceux qui peuvent “recréer l’ordre de la civilisation véritable” selon le Martégal, [Charles Maurras, NDLA] brûlent dans le cœur de celui qui ne parvient pas à se résoudre au mol avilissement moral et physique qui gagne les Européens. »

    Et c’est en plus fort joliment dit."

    François Marcilhac

    Chronique publiée dans L'Action française 2000, n°2874

  • Revue de presse du 3 décembre 2013

     

    Où, toujours, le fossé se creuse entre le pays légal et le pays réel, entre ce qu’il est convenu d’appeler l’oligarchie et le peuple, entre ceux qui s’arriment à leurs privilèges indus et ceux qui subissent journellement les effets du grand bouleversement (culturel, démographique, économique, civilisationnel).

     

    Cette oligarchie qu’Eric Zemmour (RTL, 29 novembre) s’est payé dans les grandes largeurs jubilatoires, suite à la Une du Point (28 novembre) sur le « néocons », où le polémiste était présenté comme « l’archétype du ‘‘nouveau conservateur à la française [pleurant] cette France jadis dominante sur le continent ». Notre pamphlétaire tire à vue sur ces « représentent la France des grandes métropoles qui profitent grassement des bienfaits de la mondialisation et n’ont cure de la France du périurbain qui souffre. Ah ! Ces millions de pauvres qui ne comprennent pas que la mondialisation a permis le décollage des pays misérables et l’éclosion de riches Chinois ou Indiens qui peuvent acheter des sacs Hermès ou des voitures allemandes. Alors les ploucs ! Encore un effort pour être internationalistes ; encore un effort pour comprendre que l’immigration est une chance pour la France. (…) Ils vantent l’Islam, religion de paix. Mais ils ne croient pas en Dieu et n’ont jamais lu le Coran. Puisque beaucoup d’ouvriers et d’employés votent pour le FN, puisque le peuple est devenu réactionnaire et ne s’extasie pas devant les beautés, pourtant aveuglantes, du multiculturalisme, du mariage pour tous, de la théorie du genre, il faut laisser tomber le peuple. (…) D’ailleurs, pour eux, le peuple français n’existe pas, ou c’est un ramassis de « Duponts-la joie » racistes et alcooliques. Il est vrai que la démocratie n’est pas leur fort. Ils confondent la majorité dans le pays, avec la majorité à Bruxelles ou à Francfort. Ils confondent pensée majoritaire dans le peuple et pensée dominante dans la cléricature politique, médiatique et économique. C’est à-dire, eux ! Ils confondent conservateurs et réactionnaires. Parce que les conservateurs se sont eux. Conserver leurs idées, leur vision du monde, leurs places, leur confort ». Les mêmes nous servent de façon récurrente, leur vomitive accusation de racisme, gaz anesthésiant des dernières défenses immunitaires des peuples culpabilisés et rideau de fumée de l’incapacité politique du pouvoir. L’alternative est simpliste : défendre les siens avant les autres est raciste. « Alternative débilitante, écrit Olivier Delacrétaz dans un bel éditorial de La Nation-Journal vaudois (29 novembre). L’être humain est en toute chose à la fois particulier et universel, à la fois déterminé par ses appartenances et liberté de son jugement comme de ses décisions. Aussi ne se retrouve-t-il pleinement ni dans le donné brut de la race, ni dans la sèche – et d’ailleurs imprécise – rationalité des ‘‘valeurs républicaines’’. Seule la communauté historique et territoriale qu’on appelle la nation offre, dans une certaine mesure, la synthèse du particulier et de l’universel. (…) Dans un pays civilisé, la race n’est pas insignifiante, mais elle secondaire. Elle est intégrée à l’ordre social. L’appartenance nationale, les déterminations familiales, professionnelles et religieuses, les liens affectifs sont plus forts, plus significatifs que les caractéristiques raciales. Mais une nation peut se décomposer. Quand la civilisation reflue, quand l’ordre social se défait, quand les repères traditionnels sont ridiculisés, la race offre une sorte de communauté de substitution ». Quoiqu’il en soit, à force de racialiser le discours, on a fini par mettre la langue en examen perpétuel : « Le type européen accolé au suspect Abdelhakim Dekhar en dit long sur nos représentations collectives. Pour ne pas employer l’expression taboue de race blanche, la police et les médias en viennent à des circonvolutions absurdes. Le type européen n’existe pas. Au mieux trouve-t-on des types scandinave, saxon, slave, méditerranéen, iranien ou maghrébin, qui peuvent s’apparenter à la race blanche ou caucasienne. Mais maintenant que les races n’existent plus, il se pose un petit problème concret pour décrire un suspect lors d’un appel à témoins » (Stephan A. Brunel, Boulevard Voltaire, 2 décembre). « Plus l'oppresseur est vil, plus l'esclave est infâme », disait La Harpe. Hollande et sa clique ont instauré un climat délétère de guerre civile larvée et chacun de ses commis exhale la puanteur pestilentielle des régimes en décomposition avancée. C’est, en substance, ce qu’écrit Denis Tillinac dans Valeurs actuelles (28 novembre) : « la conjonction de son [celui d’Hollande] autisme et du sectarisme de ses ‘‘amis’’ aura donné le ton d’un art de gouverner pire qu’inadéquat par temps d’orage. Ses mêmes ‘‘amis’’ persévèrent en se gargarisant du mot ‘‘droitisation’’, sans comprendre du tout en quoi notre société a cessé d’être en phase avec leurs présupposés. (…) La France bascule à droite, dans ses profondeurs, phénomène indéit depuis les années soixante. (…) Les fauteurs de discorde ne sont pas les gens de droite, mais ceux qui, à gauche, escamotent le débat (…) en expédiant leurs adversaires dans l’enfer d’un ‘‘fascisme’’ imaginaire, double rejeton de leur démonologie et de leur cynisme ». Reste à savoir de quelle droite on parle…

  • Happy birthday to you les Tontons!

     

    Ça fait 50 piges tapantes que Louis, dit le Mexicain (Jacques Dumesnil) a cassé sa pipe. Dans son plumard. Au boulevard des allongés, il est allé rejoindre JFK, lui, dessoudé tantôt comme un vulgaire truand. Sentant sa fin proche, il fait venir Fernand Naudin (Lino Ventura), son ami de vingt ans du mitan, rangé des voitures mais pas des tracteurs dans lesquels il s’est reconverti, à 800 bornes de là. A Montauban.

    En présence des frères Paul (Jean Lefèbvre) et Raoul Volfoni (Bernard Blier), Henri le barman du bowling (Paul Mercey), Théo, le « coquet » responsable de la distillerie clandestine (Horst Frank) et de Pascal, l’homme à la « présence tranquillisante » (Venantino Venantini), le Mexicain annonce qu’il « cède ses parts à Fernand ici présent », lequel, dans la foulée, recueille le dernier soupir et la fille ultra gâtée d’icelui (Sabine Sinjen). Le décor, l’intrigue et les principaux protagonistes sont posés.

    Reste pourtant une question shakespearienne essentielle : « grisbi or not grisbi ? ». Ce titre argotique du polar éponyme de l’infréquentable droitier Albert Simonin (auteur des non moins célèbres Touchez pas au grisbi ! et Le cave se rebiffe, tous deux adaptés, respectivement par Jacques Becker en 1954 et Gilles Grangier en 1961) paru en 1955 dans la fameuse Série noire de Gallimard, sera recyclé dans le pastiche figuratif, façon Audiard et Lautner. Si celui-là passe à la postérité pour des répliques jouissives et une verve toute célinienne, celui-ci n’est pas en reste avec une réalisation au cordeau. Son écriture cinématographique s’inspire des grands maitres que furent Orson Welles (par sa maîtrise de la focale longue permettant d’ingénieuses profondeurs de champ), voire Hitchcock et Fritz Lang. Allez savoir s’il n’a pas influencé Sergio Leone avec ses plans rapprochés pour duels lexicaux, façon dynamite !

    Et il y a le style aussi, tiré à la source des meilleurs artisans d’Hollywood, tels Howard Hawks ou John Huston. Du génie ? Y en a ! Tutoyant « l’anti accord absolu » du sublime, le tout soutenu par le thème corellien de Michel Magne. Pour sûr, les Tontons, c’est un film du XXe siècle (ça tombe comme à Stalingrad, Mauser 96. en pogne, tandis que la seule évocation de l’Indo et de la taulière comac de Bien-Hoa, vous tire les larmes) mais authentiquement et gaillardement français (les fils de Charlemagne échangent les bons mots d’Alphonse Allais, assis sur des sièges Louis XV). Au XXIe, « s’y ajoute chez certains un incontestable snobisme, le délicieux sentiment de s’encanailler en défendant un film populaire », écrit Jean Tulard.

    On croit causer l’argot sans peine mais c’est leurre et c’est à ça qu’on le reconnaît. Car qui « entraverait qu’avant de mouchailler ses roberts, une tapineuse exigerait là de palper son oseille » ? 50 carats plus tard, c’est au tour de tonton Lautner d’être flingué par la Camarde. Avec ses éternels complices Michel, Francis, Lino, Bernard, Jean… il a remonté le bastringue chez Saint Pierre. Son nom ? Le terminus des prétentieux.

    Article paru sur Boulevard Voltaire, le 27 novembre 2013